Le décès d’un collaborateur

La perte d’un collaborateur peut survenir à n’importe quel moment dans l’entreprise. L’inattendu, l’effet de surprise de l’évènement est souvent intraduisible sur le plan managérial car il s’agit d’un moment important de la vie de l’homme, la mort, le terme d’une existence.

Les causes du décès peuvent être accidentelles ou volontaires, l’évènement a pu avoir lieu au sein de l’entreprise ou à l’extérieur, quelles que soient les circonstances, elles vont être à l’origine d’une démarche : chacun souhaitera comprendre la ou les causes du décès. Tous les acteurs de l’entreprise doivent donc être informés : les salariés quels que soient leurs rôles hiérarchiques, les représentants du personnel, les services de santé au travail…

L’improvisation est à proscrire car elle est source principale de rumeurs et génératrice de problèmes à tous niveaux dans les relations entre les personnes.

« Faire circuler la parole » est indispensable après un traumatisme. Inciter les salariés à se réunir avec le médecin du travail et un psychologue est une pratique qui a démontré son efficience depuis de nombreuses années. La mort est inéluctable pour tous mais elle prend un caractère particulier lorsqu’elle survient sur le lieu où le professionnel passe une grande partie de sa vie, l’entreprise.

Téric Boucebci, Directeur de C.I.S Assistance

La communication non violente - CNV

Etre confronté à la mort d’un collaborateur sur son lieu de travail

Se confronter à la mort d’autrui est, pour la plupart des personnes, un facteur important de stress. Cette expérience fait ressurgir des angoisses que l’humain a généralement enfouies dans son inconscient. Face à la mort, c’est bien la condition de mortel de l’être humain et l’inéluctabilité de la mort qui s’affirme brutalement. La mort de l’Autre renvoie alors à la confrontation d’avec sa propre mort.

L’homme se sait mortel, mais il s’agit d’une connaissance rationnelle dont il s’accommode. Tout devient différent lorsque soudain la mort est présente, matérialisée par le décès d’une personne : c’est une prise de conscience brutale, source d’angoisse, qui rappelle la précarité de l’existence et l’inévitable séparation d’avec la vie. La mort n’est pas imaginable ni représentable et c’est pourquoi y être confronté, à plus forte raison sur son lieu de travail, donc de vie, constitue un traumatisme psychique pour les témoins. Une prise en charge rapide et adéquate est nécessaire pour permettre à celui ou celle qui vit une telle expérience de gérer ses émotions, prendre du recul et donner un sens à l’évènement.

Vesselina Pouhteva, Psychologue – C.I.S. Assistance

Le deuil en entreprise, une question de société

 

Plus de 550 000 personnes décèdent chaque année en France, laissant les proches démunis, voire abattus.
Alors que la mort a été écartée du quotidien et se retrouve en partie dissimulée le deuil est devenu pour chacun un « travail » à « faire » dans un délai prescrit. De plus en plus dans notre société, les endeuillés sont enjoints d’effacer leur souffrance et de « refaire leur vie ». Or ils manifestent tous le besoin de vivre avec l’absence et de construire le souvenir des morts car la mort d’un enfant, d’un parent ou d’un collègue constituent une réalité inacceptable. L’évolution profonde de notre rapport à la mémoire, au corps et à la mort en occident pose désormais la question du sens à donner au deuil d’un être proche. Cette question est essentielle et prend toute sa dimension dès lors qu’elle est abordée dans le cadre professionnel.

Ketty Joulaud, psychologue – C.I.S. Assistance

 

Briser le silence du suicide, pour quoi ? pour qui ?

Le suicide en entreprise est, aujourd’hui encore, souvent difficilement « parlé ». En tant que professionnels, nous remarquons chez les salariés confrontés au suicide d’un collaborateur une difficulté à exprimer leur souffrance ainsi que la tendance à se murer dans le silence. Attitude qui perdure parfois même lors de la mise à disposition d’un espace de parole propice à l’expression de la souffrance. Bien que nécessaire, cela n’est parfois pas suffisant. Pour accepter de « se parler », parler de soi, de son ressenti, il est important et nécessaire de briser ce silence. Parler de soi, de l’autre, avec l’autre permet de rompre ce processus psychologique mis en place, qui conduit inéluctablement vers l’incompréhension, la souffrance voire un passage à l’acte. Parler du suicide, le reconnaitre pour ce qu’il est permet de tenter de comprendre ce qu’il est et ce qu’il représente.

Viviana Dore, psychologue – C.I.S. Assistance

Question posée par mail

Comment les entreprises peuvent-elles agir pour prévenir le suicide ?

Notre réponse

Au sein de l’entreprise il faut favoriser la communication afin de permettre le dialogue et éviter les crispations. L’existence de lieux, de moments, qui permettent aux salariés de parler de leurs problèmes, d’évoquer des questions préoccupantes, et l’écoute qui en est faite sont d’excellents moyens de prévention. En règle générale, les politiques de prévention retiennent l’intérêt des salariés. Le médecin du travail, la formation et la présence d’acteurs en capacité d’expertise des risques psychosociaux au sein de l’entreprise, l’information sur un portail internet et/ou intranet accessible permettent un premier acte de sensibilisation et de prévention.

Que faut-il faire ou ne pas faire lorsqu’un collègue traverse un deuil personnel ?

Eviter de :

  • Dire de ne plus penser à la mort.
  • Moraliser.
  • Donner ses recettes personnelles de bonheur car chacun a sa manière d’être heureux.
  • Tout faire à sa place, il penserait qu’il est devenu inutile.
  • Avoir réponse à tout.
  • Faire des promesses que vous ne pourriez pas tenir.

Essayer :

  • De l’écouter parler de sa détresse car il ou elle a besoin de toute votre amitié, de votre disponibilité et de votre compréhension.
  • D’aborder directement la question du suicide avec lui.
  • D’aller chercher de l’aide auprès de professionnels ou de proches en qui vous avez confiance.
  • D’être disponible sans vous substituer à sa démarche ou à ses demandes en anticipant ses besoins mais tachez de les faire verbaliser.

IHRM-CIS Assistance assure depuis 2001 la formation de salariés et dirigeants de nombreuses structures du secteur privé et public.